Comment êtes-vous devenu professeur au conservatoire ?

Je suis prédestiné à la musique depuis tout petit ! J’étais élève au conservatoire de Toulon, puis en parallèle j’ai passé un baccalauréat spécialité musique. Par la suite j’ai intégré le conservatoire de Nice pour suivre une licence de musicologie à l’Université de Sciences et Lettres. J’ai obtenu le diplôme universitaire de musicien intervenant à Aix-en-Provence et l’école de musique de La Garde, école agréée par le ministère de la culture, m’a recruté à l’époque.  Aujourd’hui je suis professeur en chant choral au Conservatoire TPM et en charge des projets en milieu scolaire avec 5 autres professeurs*.

Nous sommes amenés à intervenir en milieu scolaire mais aussi dans les hôpitaux, par exemple…  Au sein des projets du conservatoire, nous travaillons en majorité avec des élèves de primaire.

Décrivez-nous les projets que vous avez montés cette année dans le cadre des actions en milieu scolaire ?

Nous montons toutes sortes de projets mais la base de notre métier c’est avant tout de monter des partenariats artistiques qui aboutissent à des restitutions. Cette année par exemple, nous avons un gros projet avec l’Opéra : 3 opéras dits « de poche »  qui ont été écrits pour les enfants, montés par 3 compositeurs et des classes de primaire. Un grand partenariat avec le PoleJeunePublic a également été réalisé.

Cette année j’ai 3 classes en charges. Deux travaillent sur l’œuvre de Julien Joubert, jeune compositeur qui a énormément écrit pour les enfants. « Nous n’irons pas à l’opéra » est écrite à partir des thèmes, des citations de l’opéra, les enfants ont ainsi accès aux œuvres opératiques. La troisième classe travaille à partir d’une autre œuvre de Julien Joubert : le conte musical «  Les musiciens de Brême » issu d’un conte de Grimm.

Concrètement je viens une heure par semaine travailler avec les élèves en classe, sur la musique, sur le conte. Puis la maitresse continue à travailler certains points, une partie du chant par exemple. En fin d’année l’œuvre est présentée, ce sera à l’Opéra cette année, les élèves monterons sur scène présenter leur travail au public.

Nous répondons souvent à une demande, une commission multi-partenariale choisit de répondre à certaines sollicitations des classes. Cette commission est composée de l’Education Nationale, du CNRR et d'un représentant des musiciens intervenants.

Qu’est-ce qui vous plait le plus dans les actions en milieu scolaire ?

L’éveil des enfants, ils découvrent ce qu’est une activité musicale, ils rencontrent des professionnels du monde de la musique, ils découvrent une discipline liée à notre métier artistique : riche en terme d’expression. Il faut apprendre des textes, respecter des consignes fines si l’on veut que le travail soit artistique. C’est structurant pour eux, ça leur apprend à grandir, se responsabiliser, à monter sur scène. C’est un apprentissage à l’effort, à se dépasser : il faut savoir mais aussi interpréter, avoir de la précision.

Un autre aspect est le développement de partenariats : la rencontre artistique qui en découle, la rencontre technique aussi avec d’autres professionnels.

Mais ce qui m’émeut le plus est de voir progresser les enfants. Même au bout de 30 ans, de constater comment un enfant peut s’impliquer et progresser dans ses gestes, c‘est toujours une grande émotion.

Cet enseignement est une manière de les protéger, avoir de l’exigence et de les voir aussi volontaires dans l’apprentissage. Même si c’est un geste d’enfant c’est aussi émouvant qu’un grand concert d’artiste.

Que conseilleriez-vous à un enfant qui souhaiterait découvrir les enseignements du conservatoire ?

L’important est d’être conscient qu'entrer au conservatoire signifie intégrer une pratique collective, c’est-à-dire être tout de suite intégré dans un projet artistique. L’enfant doit savoir que la pièce par exemple doit être maitrisée car elle va être jouée devant ses parents, devant un public. C’est un projet à son niveau mais aussi une réalisation artistique. Il est important que l’élève sache pourquoi il apprend.

*Dominique Godin, Isabelle Goullet, Chloé Charmetant, Cécile Maurel, et Sylvie Chebrou