L’image est saisissante, si vous passez devant le barrage de Carcès, situé sur la rivière du Caramy à 3,5 kilomètres du village varois, vous découvrirez la retenue d’eau complètement à sec. La raison de cet assèchement est une opération de vidange de la retenue Ste Suzanne, débutée depuis le 2 novembre dernier par la Métropole TPM, propriétaire de l’ouvrage depuis 2018.

Pour mémoire, ce barrage en terre de 14 m de haut a été mis en eau en 1934. Il a une capacité de 7,85 millions de m³ à sa côte normale d’exploitation estivale (169 m NGF), ce qui fait de lui le plus important stock d’eau potable de la Métropole (principalement Toulon et la Marine nationale) et la 2^ème ressource principale d’alimentation du territoire.

Diagnostic complet en prévision de travaux

Cette opération intervient après la constatation en 2015, de plusieurs désordres, notamment une perte de l’étanchéité du masque amont et un tassement des alluvions sur lesquelles est fondé le barrage. Pour maintenir le niveau de la sécurité de l’ouvrage, la côte d’exploitation du barrage a ainsi été abaissée de 1 mètre diminuant d’autant la capacité de stockage de la retenue (à 6,85 millions de m³). Cette diminution permet, en effet, d’avoir moins de pression au niveau du barrage. 

Depuis 2020, une importante opération de rénovation du barrage et de ses ouvrages annexes a été lancée par TPM. Dans cette perspective, la vidange de la retenue – réalisée avec toutes les autorisations environnementales* – permettra d’établir un diagnostic exhaustif précis et complet de toutes les parties d’ouvrages notamment de ses parties immergées.

À partir de ces résultats, TPM pourra définir les travaux à entreprendre dès 2027. À savoir que la dernière vidange réalisée en 1999, n’avait entrainé aucun travail d’envergure.

La continuité de l’alimentation en eau potable pendant cette période de vidange est assurée par le barrage du Revest-les-Eaux et le canal de Provence.

Une opération délicate

La vidange a été une opération délicate à la fois pour la structure de l’ouvrage mais également pour la préservation de la richesse environnementale (piscicole, faune, flore, et qualité de l’eau) de la retenue Sainte Suzanne et des cours d’eau amont (Caramy et Issole) et aval (Caramy et Argens).

Pour cela, la Métropole accompagnée de son maître d’œuvre TRACTEBEL / Société du Canal de Provence et de son délégataire Compagnie des Eaux et de l’Ozone VEOLIA a mis en œuvre un programme de mesures important :

• suivi de la qualité de l’eau en continu,
• pêches de sauvetage grâce à des sennes - filets rectangulaires,
• suivi du comportement de l’ouvrage,
• campagnes de suivis de la faune et de la flore etc.

Toutes ces mesures ont été travaillées avec l’appui des collectivités concernées notamment la commune de Carcès, et des acteurs locaux, particulièrement, piscicole (fédération départementale de la pêche du Var, APPMA titulaires des baux de pêches).

Pêche de sauvetage

Toutes les mesures nécessaires pour limiter au maximum l’impact de la vidange sur l’environnement, ont ainsi été prises. À commencer par la partie piscicole, notamment pour l’opération de pêche de sauvetage engagée avec une société professionnelle, mandatée par TPM, pour prélever le maximum de poissons. Près de 13 tonnes de poissons ont ainsi été prélevés. Pour la plupart, ils ont rejoint la retenue de Dardennes, les lacs de Sainte-Croix, de Saint-Cassien et du Carnier, sachant que 3 tonnes ont été conservées dans un barrage filtrant et un seuil naturel en aval du plan d’eau.

Chauves-souris protégées

Des Murins de Capaccini, des chauves-souris, y prennent habituellement leur quartier d’hivernage. Un dossier de dérangement pour espèce protégée a donc été déposé. Des filets ont été posés pour empêcher les mammifères volants de venir hiberner. Ils seront ensuite enlevés afin que les chauves-souris puissent de nouveau investir les lieux. La vidange avait d’ailleurs été reportée l’année dernière suite au constat de la présence de cette espèce protégée.

Des oiseaux migrateurs sont également présents sur la retenue. Des comptages ont été réalisés avant et pendant l’opération de vidange. Et se poursuivront après pour voir s’il y a un impact significatif pour ces volatiles.

Ainsi, le lac sera maintenu vide jusqu’au mois de février 2024. Suite à cette opération de trois mois, il se remplira naturellement et les poissons seront relâchés.

*L’opération de vidange en cours est encadrée par un arrêté préfectoral d’autorisation environnementale en date du 27/12/2022 et un protocole d’abaissement et de vidange validé par les autorités de l’État en charge du contrôle des ouvrages hydrauliques de la DREAL PACA.